Magalie Martin
Aix-Marseille Université (LESA, UR 3274)
2025/2
Aix-Marseille Université (LESA, UR 3274)
2025/2
Je suis artiste-chercheuse spécialisée dans la thermographie et la photographie infrarouge.
Dans ma thèse en arts plastiques, je développe une méthode d'observation critique du réchauffement climatique en créant des dispositifs expérimentaux de captation atmosphérique, entre art et sciences optiques.
Depuis 2022, j'arpente et étudie les villes méditerranéennes en surchauffe. En tant qu'artiste, je m'intéresse au potentiel des technologies de visualisation des infrarouges qui permettent de mettre en forme une partie du spectre électromagnétique qui échappe à l'œil humain. Je cherche à modéliser la part invisible du réchauffement global (radiations, émissions, rayonnements...) que seules des technologies de pointes peuvent débusquer. Dans une démarche située, je travaille essentiellement au Portugal où je m'immerge chaque été pour observer les canicules, les méga-feux et les phénomènes de surchauffe urbaine, leur impact sur le Vivant et les milieux qu'ils façonnent.
Ma thèse en arts plastiques intitulée "La canicule sous vision infrarouge : techno-imaginaires du Pyrocène" a pour objet la mise au point d'une méthode d'observation critique du réchauffement global grâce aux appareils de visualisation infrarouge. Parce qu’elles sont invisibles, les émissions de gaz à effet de serre, de particules fines et de radiations polluantes dues aux vagues de chaleur posent la question de leur place en tant qu'objet scientifique et de leur représentation dans nos imaginaires.
Ma thèse a pour projet de les modéliser grâce aux techniques de visualisation infrarouge qui permettent de mettre en forme ces émissions que nous ne percevons pas. Elle vise ainsi une récolte de données autant qu’un renouvellement narratif du réchauffement climatique. À l’appui de méthodes créatives d’enquête située dans le temps et dans l'espace (arpentage et dispositifs expérimentaux immersifs durant les canicules), les œuvres produites dans le cadre de cette recherche-création prennent donc l’air et la chaleur à la fois comme objets d’étude en sciences humaines et sociales et comme principes agentifs de création numérique. En produisant des images concrètes de ces flux aériens invisible par télédétection, la vision infrarouge est un langage entre arts et sciences qui peut nous mettre face à notre responsabilité dans l’actuelle déstabilisation des écosystèmes. C’est sur ce problème de résonance, de co-présence thermique et d’incorporation de la chaleur entre les vivants et les milieux que se concentre ma recherche-création.